Pierre Bahoum quitte avec éclat la séance du conseil communautaire : un coup de com déguisé en coup de gueule


Ce coup d’éclat de l’un des 74 conseillers communautaires hier soir en fin de conseil ne fera pas date dans l’histoire politique locale. Ce n’est d’ailleurs que clapotis de bord de gave. Pourquoi alors s’attarder sur ce clapotis ? Parce qu’il concourt à expliquer pourquoi les citoyens se désintéressent de plus en plus de la vie politique, fût-elle locale. Beaucoup trop de prises de position n’y sont que postures, gestes calculés… ou ego en recherche d’adversaire. Mais revenons à notre clapotis.

La question d’actualité

Le conseil communautaire de ce jeudi soir touche à sa fin. Est venu le temps des questions diverses. Une seule est inscrite. Il s’agit d’une interpellation des élus du conseil par une association, l’Association des riverains pour la déviation d’Asasp-Arros. Elle rappelle que la CCHB s’est prononcée à la quasi-unanimité (un seul vote contre) en 2021 en faveur de la réalisation des déviations des communes d’Oloron, Gurmençon, Asasp-Arros et Urdos sur la RN 134. Pourtant, le projet n’avance pas. Et les riverains de dire leur colère face à ces hordes de camions qui leur rendent la vie infernale.

Le coup d’éclat

Est alors diffusée une vidéo qui explicite la situation images et interviews des maires (sauf celui d’Oloron) à l’appui. Quelques minutes après le début de la diffusion, Pierre Bahoum bondit de sa chaise tel un diable : il a entendu dans cette vidéo les opposants à ces projets de déviations être qualifiés de « chantres de l’écologie punitive ». Il dit ne pas supporter ces termes qui s’apparentent selon lui à des insultes et à des stigmatisations de parties adverses.

Et, s’il reconnaît le droit d’exprimer une opinion politique, cela ne doit pas être sous le couvert d’une question d’actualité qui, c’est le propre de ce genre de question, ne donne pas lieu à débat. Et notre conseiller de quitter la salle de conseil pour marquer sa désapprobation.

Problème de timing

 Problème : au moment où Pierre Bahoum exprime ainsi son indignation, les journalistes de La République et de Sud-Ouest ont déjà quitté la séance pour aller écrire leurs articles. L’incident ne sera donc évoqué que sur les ondes de Radio Oloron. Ses auditeurs auront la primauté de l’incident. Une audience sans doute pas suffisamment importante pour l’intéressé qui décide d’en remettre une louche.

Le coup de com

Et de pondre dans la journée de vendredi une « Lettre Lettre ouverte à Monsieur Uthurry, Président de la Communauté de communes du Haut-Béarn, et aux membres du bureau de la CCHB suite à la séance du 23 mai 2024. ». Une missive que la presse locale ne manquera pas de reprendre. Ouf de soulagement.

Une longue lettre ouverte dans laquelle l’auteur reprend quelques propos employés dans la vidéo et considérés par lui comme « infamants » : « chantres de l’écologie punitive » ; « opposants] par principe à tout projet de développement économique » ; « entretiennent une clientèle électorale ». Il déplore que les élus ainsi mis en cause n’aient pas la possibilité dans le cadre d’une question d’actualité de répondre à ces « insinuations ».

Et de s’interroger pour conclure sur la possibilité d’organiser un vrai débat « si l’évolution de la circulation routière et de l’état d’avancement des projets de déviation sur l’axe E7 le nécessite », ainsi que sur l’opportunité de communiquer à l’avance aux élus les questions d’actualité qui pourraient les mettre en cause « pour leur laisser les moyens d’y apporter leurs observations ». Des propositions de bon sens.

Les déviations des villages, un sujet mineur ?

Pierre Bahoum a raison quand il juge qu’une question d’actualité n’a pas à aborder une question politique. Bernard Uthurry n’aurait d’ailleurs jamais dû l’inscrire sous cette rubrique dans l’ordre du jour du conseil. Pourquoi ? Parce que le règlement intérieur du conseil communautaire est très clair : « Sous la rubrique questions diverses (quand elle est prévue à l’ordre du jour) ne peuvent être étudiées par le Conseil Communautaire que des questions d’importance mineure. ». Sauf à considérer que le sujet des déviations des villages et les problèmes que le passage des camions posent aux riverains constituent une question mineure…

L’indignation surjouée de Pierre Bahoum

Beaucoup de citoyens se retrouveront dans les propos pourtant jugés infamants par Pierre Bahoum. Ces propos ne sont ni avilissants, ni dégradants, ni déshonorants, ni flétrissants, ni honteux, ni ignominieux, tous synonymes de l’adjectif infamant donnés par le Larousse. Et ils ne sont pas seulement l’expression d’une opinion politique, ils sont trop souvent, hélas, le constat d’une réalité. Ils servent ici de prétexte à la colère. De prétexte seulement.

Et les habitants concernés, dans tout cela ?

On a parfois le sentiment que l’on fait peu de cas des nuisances sonores, de la pollution, du danger qu’ils subissent quotidiennement.  Ils font les frais de l’idéologie ou du clientélisme. Et ce n’est pas le coup de gueule/coup de com d’un élu qui calmera leur désillusion.

8 réflexions sur “Pierre Bahoum quitte avec éclat la séance du conseil communautaire : un coup de com déguisé en coup de gueule

  1. michelelacanette

    On assiste en ce moment à un durcissement de la situation de la part des lobbies routiers qui font feu de tout bois en faveur des contournements des villages, de la déviation du Gabarn, politiquement poussés par les Elus locaux. Il leur semble qu’ ils sont les dindons de la farce face aux Services Publics qui ont définitivement tourné la page de ce problème qui empoisonne la vie locale depuis des décennies. Qu’ ils ne perdent pas de vue que la RN134 est depuis des années à vendre et que personne ne se porte preneur. Puisque cette occasion leur en est donnée qu’ ils se portent preneurs, mais là point d’ amateurs. En attendant les coûts sont laissés à la charge des contribuables, tout autant que ceux des déficits de la voie ferrée à qui on empêche pour des raisons idéologiques politiques de se développer, afin de pouvoir démontrer qu’ elle n’ est pas viable. Je pense que Pierre Bahoum a totalement raison de s’ indigner de cette guerre larvée de dessous de table.

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    1. Ossau

      oui pourquoi pas le ferroutage qui serait une solution.. sauf qu’il y a un probleme. A la sncf où on est pas les plus mal lotis en terme salaire et avantages, il y aurait ainsi la possibilité de bloquer totalement l’économie du pays par un mouvement de grève. Déjà qu’en d’autres circonstances..

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      1. michelelacanette

        Malheureusement les syndicats du rail de par leurs positions arbitraires font le jeu des lobbies routiers. Ce qui est paradoxal, c’ est que cela est validé par tous les gouvernements depuis 70 ans. Il est vrai que l’ État tire ses marrons du feu par les taxes sur les produits pétroliers.

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  2. Sans doute, le fait que le parti des écolos soit crédité seulement de 6 % aux prochaines élections européennes n’a pas dû donner le moral à notre élu local. Mais le rejet du vote écolo va se poursuivre en approchant l’année 2035 qui verra l’arrivée des voitures électiques avec l’interdiction des vente de voitures à traction thermique.

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    1. Ossau

      il faut dire qu’il y a 2 visages à l’écologie.. l’écologie responsable qui ne s’occupe pas de politique et puis il y a l’autre ou l’écologie est un prétexte avec des projets ahurissant de détournement de subventions ‘ je ne cherche pas classer à Pierre Bahoum ne le connaissant pas .Mais à quelques jours des européennes on découvre des trucs de dingues comme cette serre à tomate devant produire 2 tonnes par an et subventionnée par l’europe 600.000 euros + les subventions de la région ile de France ( la serre est dans le 93) soit 1 million d’euros +22000 euros de primes PAC par an. Cette serre bio est présentée par une candidate sur la liste LREM à la 27e place

      vidéo sur YT. ça fait cher le kilo de tomates bio pour les bobos parisiens

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  3. Je ne vous connais pas cher blogueur, mais je connais Pierre Bahoum. Je peux vous garantir que vous mésinterprétez la nature de son intervention. Profondément admiratif de son intégrité, je peux vous assurer qu’il ne surjoue pas son indignation ni ne cherche une quelconque visibilité.

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    1. Bonjour cher lecteur. Le blogueur a assisté en direct, en salle du conseil communautaire au coup de sang de Pierre Bahoum. Et il a bien eu le sentiment d’une colère surjouée, surtout quand on connaît le self-control de l’intéressé, au moins en public.. Le président de la CCHB lui a écrit qu’il lui donnera un droit de réponse lors du prochain conseil communautaire. Il aura alors l’occasion de développer son point de vue dans un tempo plus apaisé.

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