La décision des Eaux d’Ogeu de transférer une partie de ses services dans l’agglomération paloise coule-t-elle de source ?


Dans le monde politique, la vérité d’aujourd’hui est rarement celle de demain. Peut-il en être de même au sein du monde de l’entreprise, un monde qui pourtant n’a de cesse de critiquer le monde politique pour son manque de constance et de prospective ? Quel sens a le mot « territoire » pour une entreprise comme la Société des Eaux Minérales d’Ogeu ?

Le 4 novembre 2016, Christophe Labes, directeur du marketing et de la communication des Eaux d’Ogeu intervient devant un groupe de personnes du Haut-Béarn. Pour faire passer le message suivant : la Société des Eaux Minérales d’Ogeu se veut un acteur du territoire. Et d’illustrer cette volonté :

  • Son actionnariat familial permet de tout décider en interne.
  • Volonté de développer le marketing territorial. Comme mobylette ou Frigidaire, Ogeu n’est pas une marque commerciale. Elle s’identifie aux Pyrénées. Christophe Labes : « On raconte les Pyrénées à travers nos produits »
  • Volonté de confirmer sa présence humaine, technique et logistique sur le territoire
  • Volonté de travailler avec des acteurs locaux.
  • Volonté de rester sur le territoire local. Par exemple, achat sur Ogeu de l’immobilier nécessaire à l’installation de tout son staff marketing
  • Lancement de bières locales (une landaise, une basque et une béarnaise). La bière fabriquée à Bayonne par deux brasseurs est mise en bouteilles à Ogeu. Cette nouvelle activité a entraîné la création d’une nouvelle ligne de compétence : l’embouteillage en verre. Une décision de développement a en effet aujourd’hui un impact sur les outils de production
  • Christophe Labes : « Nous sommes des prescripteurs du territoire. Nous parlons de de notre territoire en nous servant de nos packs d’eau. Nous racontons les Pyrénées à travers nos produits »
  • Un développement en jouant la carte du territoire. Christophe Labes : « Nous sommes des ambassadeurs actifs des Pyrénées. Il ne faut pas mésestimer notre rôle dans la dynamique du territoire… On a besoin de vous. Comment pouvons-nous être des acteurs de relais sur la proximité ? » ». D’où la recherche de partenariat avec l’aéroport Pau-Pyrénées (impossible d’y trouver à ce jour une bouteille d’Ogeu dans l’offre des eaux minérales), une réflexion sur une communication partagée avec la ville et l’agglomération de Pau etc.

Le 16 mai 2018, si l’on en croit les propos tenus par ce même Christophe Labes via une information publiée par La République, la volonté des Eaux d’Ogeu de confirmer leur présence humaine, technique et logistique sur le territoire, leur volonté de travailler avec des acteurs locaux, leur volonté de rester sur le territoire local sont en train de prendre un peu de plomb dans l’aile. Le directeur de la communication et du marketing confirme en effet que l’entreprise envisage de transférer sur l’agglomération paloise, à Laroin plus précisément, une partie de ses services (marketing, commercial, administration générale). Et, tout en affirmant que « Jamais, jamais, jamais Ogeu ne quittera Ogeu, sa source, son site de production », d’expliquer ce choix de déménager par une batterie d’arguments :

  • La nécessité d’être plus proche des lieux de décisions et des grands axes, l’aéroport et l’autoroute notamment
  • La nécessité d’un lieu plus accessible et plus confortable pour travailler
  • La volonté de faciliter le trajet de ses employés dont beaucoup habitent à Pau et dans la ceinture paloise
  • La volonté de trouver un site ayant « une signature environnementale » « Un lieu de naturalité qui garantit l’image qui est la nôtre »

Quelques commentaires personnels après cette annonce. Des commentaires qui pourront faire l’effet d’une discussion du Café du Commerce puisque nous ignorons tout des raisons réelles qui ont motivé le choix de l’entreprise. Mais j’assume :

  • On peut être d’accord avec Daniel Lacrampe, le président de la communauté de communes du Haut-Béarn, lorsqu’il reconnaît que ce type de choix stratégique appartient à l’entreprise et à elle seule
  • On peut admettre que l’enclavement de notre bassin d’emploi ne plaide pas forcément en faveur de l’implantation voire du développement sur place des entreprises. Mais n’est-ce pas parfois un argument commode pour justifier une décision qui a du mal à passer sur le terrain ? D’ailleurs, pourquoi ce qui est possible pour Lindt qui construit actuellement à Oloron un bâtiment de 2 772 m² pour ses services administratifs (sans trouver la nécessité de l’installer de préférence dans l’agglomération paloise) ne l’est-il pas pour les Eaux d’Ogeu ?
  • On peut entendre François Bayrou, président de la communauté d’agglomération Pau-Pyrénées, quand il déclare voir dans l’installation des Eaux d’Ogeu sur le territoire palois la confirmation d’un « attrait de l’agglomération retrouvé. Toutes les entreprises le disent » Est-ce que François Bayrou, président du Pays de Béarn, dont fait partie notre communauté de communes, Pays de Béarn qui a au nombre de ses centres d’intérêts les transports et infrastructures, aura à cœur de faciliter le désenclavement de notre territoire ?
  • On peut se demander s’il était si impossible que cela aux dirigeants de Eaux d’Ogeu de trouver à Ogeu ou à proximité « ce lieu de naturalité » à même de garantir l’image de leur société
  • On peut s’étonner que, si l’on en croit la presse, les dirigeants des Eaux d’Ogeu ne se soient à aucun moment rapprochés du maire d’Ogeu et du président de la communauté de communes pour leur faire part de leur projet et envisager avec eux la possibilité de le concrétiser sur place. Est-ce vraiment là se comporter en « acteurs du territoire » ?

7 réflexions sur “La décision des Eaux d’Ogeu de transférer une partie de ses services dans l’agglomération paloise coule-t-elle de source ?

  1. rd918

    Cela m’étonnerait que Michel Lauronce président dsu syndicat inter-communal AEP ne soit pas au courant. Les sources celle gérée par la SAUR et celle d’Ogeu , eau minérale étant presque à se toucher.

    J’aime

  2. Michel.

    On peut admettre que l’enclavement de notre bassin d’emploi ne plaide pas forcément en faveur de l’implantation voire du développement sur place des entreprises. Mais n’est-ce pas parfois un argument commode pour justifier une décision qui a du mal à passer sur le terrain ? D’ailleurs, pourquoi ce qui est possible pour Lindt qui construit actuellement à Oloron un bâtiment de 2 772 m² pour ses services administratifs (sans trouver la nécessité de l’installer de préférence dans l’agglomération paloise) ne l’est-il pas pour les Eaux d’Ogeu ?

    Une fois de plus on fait du chantage à l’ emploi ou à la limitation de la création
    d’ emplois . Que l’ on vienne pas nous dire que les emplois administratifs des Eaux d’ Ogeu situés à Ogeu sont un handicap pour eux, alors que Lindt France à son service consommateurs à Oloron. On peut voir là plus une campagne en faveur de la future Pau Oloron, cautionnée par BAP qui n’ arrive pas à faire avancer et payer son projet par l’ Etat que des raisons sérieuses aux problèmes des Eaux d’ Ogeu.
    Quand sera t’ il pour les Eaux d’ Ogeu si ce projet voir le jour? Les clients venants de Pau devront sortir au Gabarn et reprendre la RN134 pour revenir à Ogeu ….?
    Que de temps perdu pour très peu de gain.Ou alors il faudra désenclaver aussi, le nouvel enclavement . Tout cela ne coule pas de source.
    La solution la plus facile serait encore de déplacer la source. Qu’ elle idée a t’ elle eu cette source de sortir à Ogeu, alors qu’ elle aurait pu sortir au bout des pistes de
    l’ aéroport ou des entrées des autoroutes …… Il faudra en parler à qui de droit.

    J’aime

  3. J’ai toujours été surpris du maintien à Oloron de la chocolaterie Lindt , étant entendu les difficultés routières entre Oloron et le point autoroutier, et vice versa. On peut penser la même chose de l’usine Alcan à Accous.

    J’aime

    1. Michel.

      Ce n’ est pas la position géographique d’ une usine qui fait qu’ elle reste ou pas, mais avant tout la qualité professionnelle et l’ engagement de ses employés à effectuer correctement le travail. Il y a également le contexte global local ( éducation, formation, culturel, social, humain, associatif ) qui pèse dans ces choix.
      Bien des célèbres fabricants sont situés au fin fond d’ une campagne et ne souhaitent pas en partir. Cela étant même parfois leur image de marque.

      J’aime

  4. rd918

    Avec un peu de chance vu la présence de tourbières à ses portes le groupe « Ogeu » va nous faire un whisky… So West scottish qu’ils pourront l’appeler.

    @ manaut: je ne pense pas que cela soit la 134 en cause. la SEMO plastique agrandit son usine en bordure de la départementale

    J’aime

  5. gauthey

    Je suis ravie d’apprendre que les salariés des eaux d’Ogeu sont principalement palois.
    Cela signifierait-il qu’il n’y a pas assez de salariés sur la vallée d’Ossau ou des communes proches? Je me rappelle très bien, habitant Buzy, y avoir fait des contrats intérimaires…mais que des contrats d’intérimaire!
    L’eau, c’est la ressource de demain. D’ailleurs, Nestlé ne s’y est pas trompé. Je vous conseille ce reportage d’Arte pour mieux comprendre les enjeux de l’eau.

    N’oubliez pas que les eaux d’Ogeu viennent de racheter Quézac et qu’elles ne s’arrêteront pas là, l’eau étant une richesse mondiale inestimable, mais, surtout, indispensable à notre vie!
    Pour l’avenir du village, laisser les eaux d’Ogeu quitter Ogeu-les-Bains est la plus grosse bourde que Lauronce et ses conseillers sont en train de faire.

    J’aime

    1. rd918

      Oh ! EAU! Pas que Quézac !

      http://www.ogeugroupe.com/#waters

      Puisque vous habitez Buzy sachez que si votre commune est adhérente au syndicat AEP vous avez au robinet la même eau à un poil près…A l’époque le géologue Alonzo s’étonnait même que les habitants d’Ogeu payent cette eau qui était distribuée dans les villages environnants.

      J’aime

Les commentaires sont fermés.