« Les bébés font de la résistance ! « SOS proximité » aussi ! » (chronique « la réaction de Robert Bareille au billet d’hier »)


Le billet d’hier « Défense de la maternité : à trop vouloir prouver (chronique « de l’intérêt de vérifier ses informations avant de les divulguer ») » (à retrouver ici) a suscité une réaction de Robert Bareille, le président de l’association SOS Proximité. Comme elle lui permet de développer le point de vue qu’il a exprimé très brièvement en conseil municipal lundi soir, je la publie très volontiers in extenso.

 Les bébés font de la résistance !  « SOS proximité » aussi !
Après Léonore le mois dernier, Plume est le 4ème bébé dont la naissance vient d’être déclarée à la mairie d’Oloron, alors que la maternité est fermée !

Les circonstances heureuses de la naissance de Plume au domicile de ses parents confortent les exigences de réouverture de notre maternité de proximité.

Joël Adam, dans son blog citoyen, a bien voulu revenir sur l’information de dernière minute que j’ai livrée à l’ouverture du conseil municipal de ce lundi 9 avril 2018. Au moment où il écrivait sa chronique « de l’intérêt de vérifier ses informations avant de les divulguer » Joël n’avait visiblement pas saisi l’intérêt et la portée de la brève déclaration (« une fois n’est pas coutume ») que je persiste à assumer totalement à la lumière des informations complètes et détaillées que j’ai pu recueillir dès le lendemain matin.

A badin, badin et demi !

Certes, le terme que j’ai employé de « naissance en urgence » peut être contesté. Si j’étais de mauvaise foi, je m’abriterais derrière la définition de l’urgence dans le Petit Robert : « ce qui ne peut être différé… ». Chacun peut en convenir, quand le bébé décide d’être là, son arrivée ne peut être différée. Le mot naissance aurait donc suffi et je regrette le pléonasme grossier. Joël n’est pas le dernier à manier malice et taquinerie avec talent et parfois même de manière assassine. J’ai noté dans son article qu’il assimile « urgence » à « catastrophe » un mot que je n’ai pas prononcé. Qu’il me permette donc de le reprendre à mon tour : un besoin urgent ne se termine pas fatalement en catastrophe…

On ne badine pas avec la sécurité sanitaire

Revenons aux choses sérieuses. Quand j’ai fait ma courte déclaration, j’avais la certitude de l’évènement, le certificat de naissance à Oloron venant d’être délivré par l’état civil de la mairie. J’avais l’information (dont je n’ai pas parlé) que l’accouchement accompli au domicile relevait d’un choix délibéré des parents. Je savais aussi qu’il y avait eu intervention d’une sage-femme. J’ai tenu à vérifier ces éléments essentiels car deux éventualités pouvaient se présenter. Premièrement, ce qui s’est avéré être la réalité (mais que je croyais impossible), à savoir un accouchement programmé accompagné dès le départ par une sage-femme. Deuxièmement, un accouchement choisi sans assistance avec appel à l’aide à une sage-femme en dernière minute. Ceci est marginal mais existe hélas (voir l’expression claire des sages-femmes dans la presse concernant ces choix dangereux qu’elles redoutent par-dessus tout).

J’étais convaincu à tort que la 1ère hypothèse d’un accouchement programmé et préparé au domicile n’avait pu se produire pour la simple raison qu’aucune sage-femme d’Oloron ou de la vallée d’Aspe n’accepte de pratiquer cet acte.

Pourquoi aucune sage-femme d’Oloron ni de la Vallée d’Aspe n’accepte d’accompagner des accouchements au domicile ?

Leur compétence l’autoriserait amplement, mais elles sont tenues de souscrire une assurance à plus de 20 000 € par an, la même que pour un médecin obstétricien, ce qui est inaccessible pour une sage-femme. Autre raison, les conditions expresses qui exigent la proximité d’une maternité pour un transport possible en moins de 30 minutes en cas de complication vitale. Toujours dans le journal Sud-Ouest du 11 avril 2018, Madame Repeto, sage-femme libérale à Oloron et à la Maison de Santé de Proximité de Bedous, évalue pour sa part la proximité nécessaire avec un service d’urgence hospitalier à 10 minutes. Cette dernière, sollicitée en vallée d’Aspe, refuse tout accouchement à domicile et déclare avoir de grosses craintes pour les femmes des vallées depuis la fermeture de la maternité.

L’administration de l’hôpital ne veut plus d’accouchement aux urgences

Depuis les 3 derniers accouchements aux urgences de l’hôpital, la direction communique largement avec des consignes claires : « on n’accouche pas aux urgences, les femmes, quel que soit leur état, doivent dorénavant composer le 15 pour recevoir une assistance téléphonique, avant éventuellement la mise à disposition d’une ambulance voire d’un hélicoptère dans les cas les plus préoccupants » en vue d’un acheminement choisi vers Pau (public ou privé) ou Saint Palais. Notre association ne partage pas cette injonction inacceptable : elle recommande aux parturientes qui estiment ne pas être en mesure d’avoir le temps de rejoindre Pau ou Saint Palais de continuer à solliciter les urgences d’Oloron à bon escient.

L’accompagnement s’est fait par deux sages-femmes de Mauléon

Les deux sages-femmes libérales de Mauléon, Mesdames Picq et Belluzzo, qui ont accompagné l’accouchement au domicile des jeunes parents au quartier Sainte Croix sont les seules du territoire à prendre ce risque. Toujours dans le journal Sud-Ouest du 11 avril, elles déclarent le faire « à leurs risques et périls de manière militante ». Pourquoi ? Parce qu’elles n’ont pas les moyens de satisfaire à l’obligation d’assurance, ce qui les expose « à ne plus pouvoir exercer leur métier en cas de pépin ». Par ailleurs, elles expliquent « refuser de nombreuses mamans dans les vallées car trop éloignées de la 1ère maternité Pau ou Saint Palais en cas de pépin ». Elles demandent qu’une maternité puisse être rejointe en 30 minutes. Lors d’une longue conversation téléphonique que j’ai eue avec Madame Belluzzo, j’ai pu apprécier la large identité de vue concernant la situation très préoccupante que crée la fermeture de la maternité d’Oloron.

Le Centre de Périnatalité, une coquille vide visant à faire lâcher la proie pour l’ombre !

Madame Blanzaco, directrice départementale de l’ARS convenait récemment dans la presse que le dispositif actuel n’est pas satisfaisant. Dont acte. Celles et ceux qui auraient pu se laisser prendre à la promesse de mise en place d’un Centre Périnatal de Proximité capable de répondre aux besoins du territoire en substitution de la maternité ont le sentiment d’avoir été berné-e-s. En effet, nous sommes pour que le CPP développe la prévention prénatale et l’accompagnement post natal, mais en plus d’une maternité, pas pour la remplacer. Le défaut majeur du CPP, c’est qu’on n’y accouche pas. Il n’est en aucune façon une alternative à l’absence d’une maternité. La direction de l’hôpital ne demandait-elle pas récemment, par voie de presse, de faire savoir ce qu’en attendent les femmes du territoire ? C’est plutôt sidérant !

Pour garantir véritablement le libre choix des parents tel qu’il est prévu dans le code de santé publique, l’existence d’une maternité de proximité est un impératif

L’association SOS proximité n’entend pas se substituer au libre choix des parents qui n’existe plus véritablement depuis la fermeture de notre maternité. Tout en respectant ce qui relève de la responsabilité éclairée de chacune et de chacun, nous n’encourageons pas le retour aux accouchements à domicile. Nous Incitons fortement la population à entendre sur ce sujet les recommandations que peuvent leur fournir les professionnels de santé que nous ne sommes pas. Il serait surprenant que l’ARS et l’administration hospitalière ne précisent pas rapidement les choses comme cela se fait partout où des maternités viennent de fermer.

Sylvie Delacour, vice-présidente de SOS proximité, ancienne sage-femme à la maternité, précise que la solution d’accoucher à domicile n’est pas une alternative viable et ne peut en aucun cas remplacer une maternité. Elle rappelle qu’un accouchement qui se déroule très bien peut basculer en quelques minutes au moment de la délivrance. S’agissant du choix d’accoucher à Pau ou à Saint-Palais, il existait et il demeure. Mais la maternité de proximité sécurisait ce choix éventuel jouant en quelque sorte un rôle de filet de sécurité. Les exemples ne manquent pas d’accouchements parfaitement réalisés à 0loron dans l’urgence alors qu’ils étaient programmés sur Pau.

Ma déclaration devant le conseil municipal n’était donc ni précipitée, ni hors sujet

Elle a permis au contraire de lever un vrai sujet au coeur des problématiques nouvelles pour le territoire. L’intervention dans le débat des 4 sages-femmes constitue une vraie plus-value pour la réflexion et l’action collective. L’intérêt supérieur se précise pour le territoire, pour la population, pour les mamans, les parents, les bébés, de retrouver très rapidement notre maternité au sein de l’hôpital public d’Oloron.

Les bébés marquent l’obstination à vouloir y naitre ! Avec toutes celles et ceux de tout bord qui partagent ce combat, SOS proximité va poursuivre son travail avec l’obstination, la détermination et l’esprit de rassemblement nécessaires pour gagner ensemble.

Robert Bareille

NB : je remercie très sincèrement Joël Adam, le blogueur citoyen, qui m’a fait part spontanément de son accord pour publier intégralement ce texte dans son blog que je lis toujours avec beaucoup d’intérêt.

5 réflexions sur “« Les bébés font de la résistance ! « SOS proximité » aussi ! » (chronique « la réaction de Robert Bareille au billet d’hier »)

  1. Joël s’honore d’accepter la publication de l’argumentation de son contradicteur. Cette conception de la liberté d’expression est un des éléments qui concourt au succès de son blog.

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    1. Merci Georges. Dès lors qu’elle est exprimée dans le respect des personnes, et c’est toujours le cas avec Robert Bareille, toute opinion (même si je ne la partage pas, mais à condition toutefois qu’elle ait quelque lien avec la chronique oloronaise) peut trouver sa place sur Oloronblog

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  2. Michel.

    Une fois de plus à vouloir réglementer à outrance, on en arrive au résultat inverse.
    La tranche de population concernée, qui ne peut ou ne veut, se plier à ces exigences cherche des solutions locale en l’ occurence :
     » Les deux sages-femmes libérales de Mauléon, Mesdames Picq et Belluzzo, qui ont accompagné l’accouchement au domicile des jeunes parents au quartier Sainte Croix sont les seules du territoire à prendre ce risque. »
    Aujourd’ hui ce risque a été mesuré en amont par la présence de ces deux compétences, mais demain qu’ en sera t’ il si le risque n’ est pas mesuré?
    Faudra t’ il mettre cela sur le compte des autorités de tutelle et hospitalières ?
    Je pense qu’ il serait plus que temps que nos responsables apportent des réponses à ce genre de problème et non se voiler la face.
    Ne faudrait t ‘il pas que nos responsables prennent en charge le montant des assurances ( 20000 euros) de ces personnes pour au moins que les Mères sachent qu’ il y a des compétences officielles sur le territoire, si elles souhaitent accoucher chez elles.On n’ a pas le droit de laisser cette tranche de population sans réponse,
    les risques sont trop importants.

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  3. Vanessa

    En cherchant des données sur la maternités d’Oloron (pour le nouveau collectif contre les lois Macron et compagnie… je cherche le nombre potentiel de femmes enceintes dépendant du secteur de l’hôpital d’Oloron, j’ai trouvé le nombre d’accouchements en 2012, 314, et en 2016, 135… ) je suis tombée sur cet appel d’offre issu de la mairie d’Oloron :

    https://www.eadministration64.fr/index.php?page=entreprise.EntrepriseDemandeTelechargementDce&refConsultation=19621&orgAcronyme=s3x

    et dedans y a ça dans le point 4 DOCUMENTS MIS A DISPOSITION AU COURS DE L’ETUDE du doc CCTP requalification urbaine du centre ville :

     » Etude de faisabilité Promenade sur le gave Rue Louis Barthou (YCAR) »

    et y a rien sur la circulation douce, la transition écologique ne sera donc pas étudiée…

    MISERE !

    😉

    Bonne lecture, je suis sûre que ce document va être autopsié comme il se doit 🙂

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