Débrief du conseil communautaire du 27 juin 2024 : l’abattoir et les aides du Département au menu


Hier soir se tenait le dernier conseil communautaire avant les vacances. Les élus étaient appelés à délibérer sur 24 questions. Les quatre heures de cette réunion se sont déroulées Sans incident. Pourtant si deux sujets sensibles concernant l’abattoir et le gel des aides non obligatoires du Département en faveur des actions dans le domaine social auraient pu donner lieu à quelques moments tendus. Le seul mouvement d’humeur est en fait venu de Pierre Bahoum qui, l’espace d’un instant, alors qu’il développait ses arguments contre l’octroi d’une subvention à l’association Béarn Adour Pyrénées, a revêtu son costume de professeur pour réprimander sèchement deux élus qui souhaitaient intervenir au milieu de son propos.

La fermeture de l’abattoir en ouverture de séance

La fermeture a été décidée pour une durée de 4 semaines. Bernard Uthurry à peine deux heures avait participé avant cette réunion à une rencontre avec des producteurs locaux et des éleveurs qu’il juge légitimement inquiets pour l’avenir de cet équipement.

Il est revenu sur les événements en série qui ont conduit à cette situation : démission de 3 salariés et de la directrice, puis, avec l’arrivée d’un nouveau directeur, une forte dégradation du climat social. Il n’y avait pas à ce stade d’autre recours qu’une fermeture temporaire. Voilà qui permettra des travaux de sécurisation rendus nécessaires ainsi que d’autres mesures indispensables pour assurer une réouverture réussie. Voici quelques extraits de l’intervention du président de la CCHB dans laquelle il énumère ces mesures (source : Radio Oloron)

Nous avons préféré prendre la décision, plus douloureuse, de faire une pause, une pause à la fois de maintenance mais aussi une pause de restructuration des équipes de l’abattoir qui sont décimées, qui sont fatiguées, qui sont épuisées. Leur journée commençait à 4 heures du matin et finissait à 5 heures de l’après-midi, parfois sans manger. C’est insupportable à imaginer avec le métier physique qu’est le métier d’un tueur.

Et donc nous avons décidé de faire cette pause nous permettra aussi de mettre en place des actions de formation. Donc la première décision, c’était l’arrêt avec une remise à niveau de l’abattoir. Les salariés de l’abattoir qui ont été arrêtés à partir de vendredi dernier ne sont pas au chômage technique. Ils le seront peut-être dans quelques jours. Mais là, toute cette semaine, ils récurrent, ils nettoient, ils s’occupent de redonner à cet abattoir une apparence plus normale.

Je vous ai parlé des actions de formation et des négociations avec les autres abattoirs. Un autre des sujets qui avait été abordé et où le Conseil d’administration et moi-même pouvons prendre le point, c’est la demande expresse, notamment des producteurs locaux et des éleveurs, d’appartenir au Conseil d’administration. Ce qui est un petit peu difficile parce que le format juridique de l’établissement, c’est un EPIC et dans un EPIC les personnes ou les sociétés qui ont un intérêt commercial avec l’EPIC ne peuvent pas siéger et délibérer au Conseil d’administration. Voilà. Ou alors il faudrait réfléchir à un autre format, une autre structure juridique de l’établissement, comme ça peut être le cas en Ossau, pour je ne sais quelle raison d’ailleurs. Mais on va regarder tout ça.

Et puis il y a une demande également qui qui vient de tout le milieu et qui vient de nous également. C’est de mettre un regard extérieur. La profession, la Fédération des abattoirs, dispose d’un certain nombre de cabinets qui sont experts dans l’analyse fonctionnelle d’un établissement. L’analyse fonctionnelle de l’établissement, elle prend en compte toutes les lignes, les lignes trésorerie, les lignes de production. Elle prend en compte également les coûts d’abattage, les coûts de transport.

L’une des principales critiques du nouveau directeur (un directeur qui fait d’ailleurs aujourd’hui l’objet d’une procédure de licenciement, un directeur qui risque par ailleurs de faire l’objet de poursuites en raison de la publication d’une lettre ouverte au contenu considéré comme insultant et diffamatoire) portait sur la gestion des installations. Il faisait état des conditions très avantageuses sur le prix du transport notamment dont bénéficie le principal client de l’abattoir, l’entreprise Betbeder. Jean-Claude Coste qui fut directeur de ce même abattoir jusqu’en 2017 a tenu à rappeler les raisons qui avaient guidé ce choix (source : Radio Oloron)

Et aujourd’hui l’entreprise Betbeder représente 50% de l’activité de l’abattoir. Si demain l’entreprise Betbeder n’est plus là, on ferme la boutique et ça c’est très clair. 1500 tonnes aujourd’hui, une structure de cette taille-là, n’est plus viable. Donc encore une fois on peut crier qu’il y a des privilèges, mais cette entreprise-là elle ne serait pas là aujourd’hui, on n’aurait pas l’occasion de discuter de ce point-là ce soir.

D’autres abattoirs dérouleraient facilement le tapis rouge actuellement à Monsieur Betbeder. L’abattoir de Tarbes, 4500 tonnes de capacité, production 2 000 tonnes ; l’abattoir d’Hagetmau pareil, 5000 tonnes de capacité, production de 2 000 tonnes. Donc aujourd’hui n’importe quelle structure déroulerait le tapis rouge à Betbeder, sachant qu’il faut qu’on en soit tous très conscients.

Alors je pense qu’il y aura des discussions pour augmenter la redevance de transport avec le le conseil d’administration pour que qu’on soit à niveau un peu plus élevé. Mais je voulais surtout que ça soit très clair par rapport à ça.

S’estimant par ailleurs mis en cause dans la mutualisation qui existe entre l’abattoir d’Oloron et l’abattoir d’Ossau dont le même Jean-Claude Coste est aujourd’hui le directeur, il a assuré que tout se faisait en totale transparence et a ajouté que l’audit qui va être commandé viendra le confirmer

Mise en sécurité des cheminements d’accès au Fort du Portalet

Ces travaux sont commandés à la fois par la sécurité des visiteurs et par la nécessite de maintenir le site en bon état. Or une étude de maîtrise d’œuvre a mis en évidence un certain nombre de problèmes : une partie de mur qui s’est écroulé, un mur de soutènement qui a besoin d’être conforté en un endroit, des masses rocheuses qui menacent de se détacher du bloc rocheux, le remplacement de garde-corps, la définition d’un plan de dévégétalisation.

Le coût global de ces interventions est évalué à un peu plus de 700 000 € TTC. Hier soir, le conseil communautaire a sollicité des subventions de l’État à hauteur de 80%. L’objectif est de pouvoir procéder à la réception des travaux avant l’été 2025.

Acquisition de nouveaux matériels pour le service de collecte des déchets ménagers et assimilés

Le service est en pleine réorganisation. Cela passe aussi par l’acquisition de nouveaux matériels. Un appel d’offres a donc été lancé. Il appartenait au conseil d’autoriser son président à signer les marchés à conclure avec les entreprises qui ont été choisies à l’issue de la procédure. Ce seront des marchés conclus pour un an qui pourront être reconduits de manière tacite 3 fois pour une période d’une année à chaque fois.  

Les sommes qui seront engagées sont importantes. L’acquisition de véhicules de collecte par apport volontaire pourra atteindre 900 000 € HT par an, l’acquisition de bennes à ordures ménagères de 12 tonnes pourra atteindre 400 000 € par an quand celle de bennes de 3,5 tonnes pourra atteindre 150 000 € par an.

Frais engagés par les agents de la CCHB pour leurs déplacements entre leur résidence habituelle et leur lieu de travail : un forfait incitatif

Il s’agit là d’un dispositif prévue par la réglementation. Ce forfait est bien sûr soumis à des conditions. Pour pouvoir en bénéficier, doivent être utilisés des engins tels que trottinette, gyropode, mono-roue, cyclomoteur, motocyclette, cycle ou cycle à pédalage assisté. Tous ces engins, s’ils sont motorisés, devant disposer d’un moteur ou d’une assistance non thermique. Les services d’auto-partage sont également concernés.

Le forfait dont bénéficieront les agents ira de 100 € à 300 €. 300 € pour ceux qui utiliseront l’un ou plusieurs de ces moyens de transport 100 jours ou plus par an. Bien entendu il sera conditionné par le dépôt par l’agent d’une déclaration sur l’honneur certifiant l’utilisation de l’un ou des moyens de transport éligibles ainsi que le nombre de jours de déplacement réalisés à l’aide de ce ou ces moyens de transport

Quelques autres questions de l’ordre du jour

Sans en dresser une liste à la Prévert, on peut citer la fixation des tarifs des piscines de Lanne et d’Oloron, la fixation des autorisations spéciales d’absence auxquelles peuvent prétendre les agents de la CCHB, la décision de poursuivre le dispositif de covoiturage, la mutualisation des systèmes d’information entre la CCHB et la commune d’Oloron Sainte-Marie, des décisions d’ordre budgétaire etc.

Le gel des aides du Département au profit des association à caractère social

Est alors venue l’heure des questions diverses. Une seule était inscrite à l’ordre du jour. Elle concernait les inquiétudes suscitées dans le secteur des associations à caractère social par la décision du Département, contraint par une diminution de capacités budgétaires, de suspendre ses subventions non obligatoires.

Avant que ne s’ouvre le débat, deux vice-présidents, Anne Saouter et Louis Benoît, ont exposé, exemples à l’appui, les difficultés dans lesquelles ce gel mettrait nombre d’associations.

Louis Benoît a bien précisé d’entrée que son intervention n’avait aucune arrière-pensée politique ou électorale. Il a tenu à exprimer sa crainte que les travailleurs en reconversion dont s’occupent ces associations soient plongés dans la précarité. Et, dans ses fonctions de maire de Saint-Goin, il se demande comment il pourra accompagner les travailleurs de sa commune qui se retrouveront dans cette situation.

De son côté, Anne Saouter a indiqué qu’il ne fallait pas voir dans sa prise de position une accusation vis-à-vis du Département, même si on peut s’interroger sur les choix qu’il fait. La vice-présidente passe en revue les associations du territoires qui sont touchées (Transition, La Haüt, Estivade etc.) en précisant le nombre de salariés de chacune d’entre elles, le nombre de personnes qu’elles aident dans l’année et la perte de subvention qu’elles vont subir. En signalant que cela risque de contraindre certaines d’entre elles à cesser tout ou partie de leur activité. Cela pourrait être le cas pour Estivade qui perçoit du Département de 164 000 € et qui, si aucune solution n’est trouvée, pourrait s’arrêter en 2025. Et de conclure (source : Radio Oloron) :

Voilà donc quelques effets extrêmement délétères, de choix contraints, c’est ça. On n’ignore pas les difficultés qu’ont les départements. On peut quand même se poser la question. En tout cas, comme par hasard, et on le voit, il y a certains programmes aussi, on le voit, que concoctent certains partis, c’est le social qui prend cher. Mais demain, va tous prendre cher.

Mais tout n’est pas perdu. Le contact avec le Département n’est pas coupé et les élus comptent bien plaider leur cause auprès des conseillers départementaux du territoire, auprès de la vice-présidente du département en charge de l’insertion et auprès de Jean-Jacques Lasserre, le président du conseil départemental

Le conseil communautaire est maintenant en vacances. Sa prochaine réunion se tiendra au mois de septembre, le 19 septembre si le blogueur a bien noté.

4 réflexions sur “Débrief du conseil communautaire du 27 juin 2024 : l’abattoir et les aides du Département au menu

  1. Pierre Bahoum - Oloron

    Deux représentants au conseil communautaire, par ailleurs membres du lobby routier Béarn Adour Pyrénées et intéressés dans cette délibération au vote d’une subvention de 1 200 € d’argent public en faveur de leur organisme, ont cru opportun de couper l’argumentation que je développais par de multiples dénégations, épigrammes, manifestations suffisamment fortes pour interrompre un discours.
    Qu’il soit donc rappelé que lorsqu’une subvention ou un avantage économique particulier intéressent directement des élus, ceux-ci n’ont pas le droit de prendre part au vote ni au débat sur cette délibération, encore moins déstabiliser une prise de parole contraire à leurs intérêts par des moyens aussi inélégants que déplacés.
    De telles méthodes resteront vaines de toute manière : de plus en plus d’élus – dix-huit hier – ont voté contre cette subvention, notamment pour que l’argent de notre communauté de communes cesse d’entretenir un lobby dont l’un des objectifs qu’elle affiche est d’œuvrer
    « auprès des pouvoirs publics européens, nationaux, régionaux, départementaux, ainsi que des collectivités territoriales et organismes concernés » pour « que se réalise, entre autre : […]L’arc intérieur de la Nouvelle Aquitaine reliant Limoges au tunnel du Somport par Périgueux, Mussidan, Langon, Mont-de-Marsan, Pau et Oloron, soit l’axe européen E7, pour rééquilibrer la région. »
    Rééquilibrer quoi sinon la circulation routière des marchandises via le Somport ? Que se passera-t-il demain si une voie rapide que BAP appelle de ses vœux se réalise en prolongement de l’A65 jusqu’à l’entrée de la vallée d’Aspe ? Ce n’est pas six ou sept cents camions qui déferleront en vallée d’Aspe, mais des milliers qui transiteront sur une voie rapide faite pour eux, leur permettant de rallier Madrid ou le grand port de Valence à Paris et au Nord de l’Europe via Saragosse, Pau, l’A65 puis l’A20 !
    Un conseil communautaire n’est pas une foire d’empoigne. Lorsqu’il y a un débat, nous y échangeons des arguments, quelques vifs qu’ils puissent être. Sur les soixante-quatre représentants, moins de six ont pour déplorable habitude de couper régulièrement la parole aux autres.
    Que ces messieurs d’un âge qui mérite le respect de leurs cadets condescendent à regagner en politesse ; je me permettrai pas, quant à moi, de les couper ou de les houspiller durant leurs interventions.

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    1. PEYROUSET

      Si, dans le domaine des idées, l’on accepte de mettre entre parenthèses un court instant le devenir de la Vallée d’Aspe ( en imaginant qu’il existe quelque part une solution consensuelle évitant de saccager par une overdose de transport ou de tourisme ou les 2 l’axe Oloron-Huesca), la création d’une voie rapide Oloron-Orthez-Hagetmau-St Sever-MdM aurait du sens :

      les 4 1éres cités ont beaucoup de points communs (cités industrielles complémentaires et de tailles comparables, marchés et foires historiques, terroirs et productions agricoles entremêlés, populations avec une identité forte que Nadau sait bien mettre en valeur …) mais n’ont aucun lien physique entre elles : pas de routes, pas de voies ferrées, pas de cours d’eau, rien…
      les 5 cités gagneraient ainsi à être directement interconnectées à l’axe routier et ferroviaire Bayonne-Pau-Tarbes.
      dans l’aérien militaire et civil, dans les infrastructures des réseaux structurants (énergie, telecom….) l’ensemble des 8 villes y trouverait une cohérence renforçée, accessoirement le Jurançon palois se rapprocherait de son terroir landais, accessoirement enfin Hagetmau pourrait être le pôle d’un abattoir unique, accessible, moderne et compétitif en lieu et place des structures vacillantes entre Tarbes et l’Océan. Merci de m’avoir lu.

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    2. michelelacanette

      Certains nostalgiques d’ une autoroute en vallée d’ Aspe n’ admettent pas d’ avoir perdu une bataille. Donc maintenant entretiennent une guerre de tranchée afin de continuer à pourrir la vie locale, mais se gardent bien d’ apporter des réponses pérennes au problème de la circulation des marchandises entre la France et l’ Espagne. Voulant ainsi laisser croire que seule leur vision est la bonne réponse.

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  2. PEYROUSET

    Etonnant ce propos rapporté du président de la CCHB :

    le format juridique de l’établissement, c’est un EPIC et ……….Voilà. Ou alors il faudrait réfléchir à un autre format, une autre structure juridique de l’établissement, comme ça peut être le cas en Ossau, pour je ne sais quelle raison d’ailleurs.

    La littérature disponible en ligne dit que l’abattoir d’Oloron est un EPL (Etablissement Public Local) à caractère industriel ou commercial et non un EPIC, tout comme son homologue d’Ossau !! Donc c’est tout réfléchi !

    Par contre et vu de loin par temps clair, le propos apparemment tenu semble fumeux !

    De plus, ils sont tout deux sensés être mutualisés ! Quésaco ? une vrai mutualisation aurait déjà du conduire à traiter des tonnages au moins équivalents à ceux de Tarbes ou d’Hagetmau (lui-même souvent sur la sellette)

    Comprenne qui pourra/voudra ! et personne en séance pour demander plus d’explications ?

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