Lettre ouverte du directeur de l’abattoir d’Oloron à Bernard Uthurry – c’est chaud, très chaud !


Une procédure disciplinaire à l’encontre du directeur

Le directeur de l’abattoir du Haut-Béarn, équipement dénommé plus communément abattoir d’Oloron, avait été embauché le 5 février 2024. Il a été suspendu de ses fonctions le 19 juin dernier dans l’attente d’une procédure disciplinaire envisagée à son encontre. Le courrier de suspension qui lui a été remis en main propre énumère les manquements à ses obligations contractuelles qui lui sont reprochés : management brutal, mauvaise gestion du personnel et des règles de sécurité, cumul d’activité illégal, comportement hostile à l’égard de la direction de l’abattoir.

Par un nouveau courrier en date du 24 juin, le président de l’abattoir, qui n’est pas Bernard Uthurry, invite le directeur à venir consulter son dossier le 27 juin et le convoque à un entretien préalable à son éventuel licenciement le 2 juillet… alors qu’il a pourtant annoncé dès le 20 juin par voie de presse ce licenciement. Voilà qui pourrait déjà nourrir un belle procédure contentieuse, mais, on va le voir, on n’en est plus là.

La réplique du directeur : une lettre ouverte au président de la CCHB

Dans une lettre ouverte à Bernard Uthurry en sa qualité de président de la CCHB, l’institution dont dépend l’abattoir, le directeur fait connaître sa position. Une lettre déjà adressée à la presse et que le directeur s’apprête à communiquer également aux conseillers communautaires.

Il y formule sur 8 pages tous ses griefs : le non-respect d’engagements pris à son égard, le harcèlement dont il a été victime de la part de la direction, le favoritisme dont bénéficient certains clients et un abattoir voisin, la situation de quasi-faillite de l’abattoir, le manque de formation des salariés, le manque de sécurité de leurs conditions de travail en raison de la vétusté de certaines installations, des prises de décisions hasardeuses qui condamnent à terme l’abattoir à la fermeture.

Il serait trop long de reprendre tous ces griefs par le détail. La présidence de l’abattoir affirme qu’il s’agit là d’un tissu de mensonges et de calomnies. Il ne lui sera donc pas difficile d’apporter, preuves à l’appui, un démenti aux questions suivantes :

  • Est-il exact qu’une secrétaire à temps partiel serait rémunérée à hauteur de 2 000 € nets par mois alors qu’elle emploie le plus clair de son temps à faire l’administration et la gestion d’un autre abattoir ?
  • Est-il exact que l’abattoir d’Oloron a dû acquérir un camion de 13 tonnes et recruter un chauffeur à plein-temps pour permettre aux clients de l’abattoir d’Ossau-Louvie de transporter leurs carcasses d’agneaux à Bordeaux ?
  • Est-il exact que l’abattoir d’Oloron accepterait les commandes de l’Hyper U de Gujan-Mestras (abattage et transport d’une vache chaque semaine) pour justifier les trajets du camion entre l’abattoir d’Ossau et Bordeaux (transport des agneaux) ?
  • Est-il exact que pour justifier l’acquisition du camion de 13 tonnes, l’abattoir d’Oloron aurait transporté, à titre gracieux et pendant plusieurs années, les carcasses de porcs de l’un de ses gros clients (entre 60 et 90 carcasses de porcs par jour) ?
  • Est-il exact que l’abattoir d’Oloron échaudait et préparait, à titre gracieux, les pieds d’agneaux que lui envoyait l’abattoir d’Ossau-Louvie ?
  • Est-il exact que, comme l’aurait confié une salariée au directeur, l’avenir de l’abattoir est grevé par un emprunt : il serait matériellement incapable de provisionner une annuité de 60 000 € à payer d’ici novembre, notamment à cause des congés payés versés aux employés démissionnaires, de l’emploi de 3 intérimaires et d’un tâcheron, de l’absence de rentabilité de l’activité de l’abattoir ?
  • À quels mouvements, décaissements et remboursements, a donné lieu l’avance de trésorerie de 50 000 € accordée par la CCHB à l’abattoir en septembre 2022 ?
  • Est-il exact que, l’abattage des porcs étant suspendu à Oloron laissant les paysans sans solutions, le principal client de l’abattoir ferait abattre ses porcs à Tarbes, et Oloron endosserait les factures de cet abattage ? Qui plus est, Oloron assurerait le transport des carcasses entre l’abattoir de Tarbes et le site dudit principal client ?
  • Est-il probable que la Direction Département de la Cohésion sociale et de la Protection des Populations (DDPP, anciennement DSV) n’autorisera pas la réouverture de l’abattoir en l’absence d’un organigramme qui fait apparaître les noms d’un directeur, d’un responsable QHSE (Qualité Hygiène Sécurité Environnement), d’un chef de chaîne, d’un responsable de la maintenance et surtout d’un responsable de la sécurité ? Or, aujourd’hui, aucun de ces postes n’est pourvu. 
  • Est-il exact que le directeur aurait été incité à distraire une partie d’une subvention d’équipement pour payer des factures courantes, procédure bien entendu totalement illégale ?
  • Est-il exact que la DDPP s’apprêtait à prendre la décision d’une fermeture administrative de l’abattoir ?
  • Est-il exact que, contrairement à ce qui avait été annoncé dans la presse, la chaîne d’abattage des porcs n’a pas été fermée « dans l’attente » d’un moteur qui se trouverait dans un magasin en Bretagne ? Il faut en effet moins de 24 heures pour se faire livrer ce genre d’appareil ? En réalité le moteur défaillant a été rembobiné du côté de Pau. À quoi rime d’inventer des raisons bidon ? Elles décrédibilisent par la suite toute parole de ceux qui les font valoir
  • Est-il exact que le caractère provisoire de la fermeture de l’abattoir ne serait qu’un leurre puisque l’endossement des factures d’abattage émise par l’abattoir de Tarbes condamnerait l’établissement à la faillite à très court terme ?
  • Est-il exact que l’agenda réel serait le suivant : annonce d’une fermeture « provisoire » à la fin du mois de juin, annonce de la mise au chômage technique des salariés (à l’exception du chauffeur, qui doit continuer d’assurer le transport des carcasses) à la fin du mois de juillet et annonce de la fermeture définitive de l’abattoir au début du mois de septembre ?

Et maintenant ?

Encore quelques points d’interrogation qui, espérons-le, seront levés dans les prochains jours ou les prochaines semaines. Si le directeur estime avoir été confronté à des faits qu’il considère comme délictueux, va-t-il saisir le procureur de la République ? Il semble ne pas écarter l’hypothèse. Si des élus ou un citoyen lambda estiment que les finances publiques risquent d’avoir été mises à mal par certaines pratiques vont-ils saisir la Chambre régionale des comptes qui a des pouvoirs d’investigation importants ? Là non plus, l’hypothèse n’est pas à écarter.

3 réflexions sur “Lettre ouverte du directeur de l’abattoir d’Oloron à Bernard Uthurry – c’est chaud, très chaud !

  1. Le montant du gâchis est insignifiant comparé aux 25 millions votés, le 13 juin dernier, lors de la séance plénière du conseil régional de nouvelle aquitaine dont le Maire d’Oloron est membre en se palpant 3000 € par mois. Et oui, encore 25 millions de subvention pour la voie ferrée Pau Bedous pour aménager des talus, réparer des ouvrages d’art et falaise qui s’effondrent.

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    1. PEYROUSET

      Comparaison n’est pas raison, nous dit un internaute dans un autre billet !

      Peut-être pas pire gâchis en Nlle-Aquitaine que les 8 millions rajoutés aux 22 soit 30 millions d’euros du projet : là, pour le coup, il ne s’agit pas de voie ferrée mais de courants d’air !

      https://www.lefigaro.fr/bordeaux/usine-de-dirigeables-geants-en-pleine-foret-la-nouvelle-aquitaine-rajoute-8-millions-d-euros-a-ce-projet-colossal-20240625

      Pas pire non plus que les millions engloutis en Occitanie dans le projet toulousain dit : là aussi, pour le coup, pas de voie ferrée avec un vrai tortillard dessus vide ou pas de passagers, juste un semblant de piste pour un engin-capsule sans air, juste du vide, au final un vrai bide !

      https://www.ladepeche.fr/2024/05/06/hyperloop-tt-apres-le-fiasco-a-toulouse-le-projet-italien-sur-de-mauvais-rails-11928897.php

      A croire que nos Régions débordent d’argent à ne trop savoir quoi en faire, et ni Alain ni Carole ne se font houspiller. Et pour une fois, Macron n’y est pour rien !

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  2. Lacrampe daniel

    « Blanchi sous le harnais », selon l’une de ses expressions favorites, de cette bonne vieille, et peu reluisante, stratégie politicienne qui consiste à tenter de vouloir « mouiller » les autres, en les citant de préférence pour que nul n’en ignore, pour essayer de se dédouaner de sa propre responsabilité, le Président de la CCHB a bien voulu rappeler dans la République des Pyrénées d’aujourd’hui que c’est sous ma présidence, et celle du Président du Conseil d’Administration d’alors, qu’une entreprise spécialisée dans la transformation et la commercialisation de la viande de porcs était arrivée à l’abattoir du Haut Béarn.
    Démarche d’autant plus assumée que nous sommes alors en 2015/2016 ( presque 10 ans), et qu’il s’agissait alors, ni plus ni moins, que de faire face à une insuffisance inquiétante du tonnage abattu.
    En revanche, et malgré une lecture attentive, je ne vois pas dans ce même article le moindre début de commencement de réponse aux autres questions soulevées dans cet article ou sur ce même blog.
    Mais je ne doute pas que nous en aurons la primeur lors du Conseil Communautaire de demain soir, à défaut de les avoir eues lors de cette séance plénière que j’ai réclamée en vain depuis le 25 janvier 2024.

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