Querelles de chiffres


Mardi un peu avant midi. Quelques éclats de voix dans la rue au pied de ma fenêtre : deux de nos valeureux ASVP sont aux prises avec un automobiliste récalcitrant. Ils lui reprochent d’avoir garé son fourgon là où il ne faut pas. Le gars ne veut rien entendre. Le ton monte. Surgie de nulle part, la mère du contrevenant en puissance se mêle à la conversation : « De toute façon, vous êtes là pour em… le monde parce qu’il vous faut faire du chiffre ».

Vous imaginez, vous, le maire réunir ses troupes de bon matin pour leur tenir le langage suivant : « Bon, les gars, aujourd’hui vous ne remettez pas les pieds à la mairie tant que vous n’avez pas dressé dix PV » ? Moi pas. J’ignore si le mal garé a pris une douille. Toujours est-il que, à force de persuasion, les ASVP ont fini par le convaincre de trouver une place de stationnement moins gênante.  Et à peine nos représentants de l’ordre avaient-ils tourné le dos, un autre automobiliste s’empressait d’occuper la place ainsi libérée. Ainsi va le monde, rue Palassou.

Ah, la culture du chiffre ! La République d’hier titrait « 1 500 inscrits à Sport Vacances ». Un chiffre qui, à première lecture, tend à démontrer l’énorme succès de l’opération puisque on peut croire que 1 500 jeunes y ont adhéré. Sans remettre en cause l’intérêt de Sport Vacances Été, c’est un chiffre qu’il convient néanmoins de relativiser :

  • il est invérifiable par chacun d’entre nous
  • comme chaque jeune peut s’inscrire à autant d’animations qu’il le souhaite sur les 40 qui figurent au programme, il s’agit de 1 500 inscriptions à l’une de ces animations (dans l’article, La République le précise) et non de 1 500 inscrits.

J’attends par ailleurs avec curiosité les chiffres de fréquentation des musées qui seront proclamés à la fin du mois d’août. Pour mémoire, on nous avait annoncé  9 500 visiteurs entre le 1er juillet et le 24 août 2015, en nous précisant qu’ils étaient en augmentation de 1 700 par rapport à l’année précédente. Je suis prêt à parier que le chiffre 2016 tutoiera les 11 000 visiteurs. Pour autant il ne faudra pas confondre le chiffre annoncé avec celui du nombre de touristes :

  • d’une part parce que nombre d’Oloronais (et c’est une bonne chose) et de personnes originaires des communes voisines (c’est également une bonne chose) font partie de ces visiteurs,
  • d’autre part, parce qu’une même personne peut visiter plusieurs musées.

Cette manie du chiffre me remet en mémoire une anecdote vécue que je crois avoir déjà narrée sur ce blog : dans une commune que je ne nommerai pas, se déroule une manifestation annuelle. Chaque année, nous savions avant même l’ouverture de l’évènement le chiffre de participation que nous allions annoncer à la presse à la clôture des festivités. Un chiffre bien sûr en augmentation d’une année sur l’autre. Et la presse reprenait consciencieusement, et probablement sans se faire d’illusion sur son exactitude, notre « information ».

Tout cela pour dire qu’il faut prendre ce genre d’annonce avec une certaine circonspection. Elle n’a d’autre objectif que de valoriser l’action municipale, de démontrer son dynamisme. Après tout, pourquoi pas ? Mais j’aimerais que de temps en temps la municipalité soit aussi prolixe pour publier des chiffres un peu moins gratifiant pour elle, mais tout aussi intéressants pour les administrés. Nous avons tous des exemples de sujets sur lesquels nous souhaiterions en savoir un peu plus….

11 réflexions sur “Querelles de chiffres

  1. Marc Duchesne

    L’Incivilité, le Jmenfoutisme et le Aprèsmoiledéluge semblent avoir pris le pas sur le Rugby et la Pelote comme sports locaux. Circuler en voiture ou à vélo dans et alentours Oloron est devenu insupportable pour qui, comme moi, place le Respect de la Loi et le Respect d’Autrui au dessus de tout.
    J’ai donc une suggestion pour nos édiles de tout bord et de toute appartenance : Faire d’Oloron un modèle de ville dans laquelle il fait bon vivre en communauté…

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    1. Je partage votre constat .Ces incivilités pourrissent notre quotidien.Selon moi, le mieux vivre ensemble n’est pas uniquement l’affaire de nos édiles.Nous avons tous à en prendre notre part

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      1. jacques

        dans le concours il est difficile de faire mieux que la personne qui a un scooter jaune et qui le gare a cheval sur 2 places de voiture afin que celles ci ne puisse pas stationner dans la rue qui apres le marcadet. descend vers Goes.
        Un autre qui est pas mal aussi, c’est le camion qui est regulierement stationné sur le trottoir du boulevard du lycée, trottoir qui d’ailleurs est defoncé par le poids de celui ci. Ceci dure depuis plusieurs années et il se trouve a 200 metres de la gendarmerie.
        Cherchez l’erreur!!

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  2. eugene

    ce type de comportement est malheureusement classique pour 2 raisons :
    – chacun, sous pretexte qu’il paie des impots locaux , s’approprie la voie publique ( chaussée/trottoir) pour se garer. c’est tellement tacite que lorsqu’on loue un logement sans parking/garage, on trouve normal de se garer devant la porte. nous trouvons normal qu’un bien collectif soit ainsi privatisé par le riverain pour garer son vehicule ou par un client/un utilisateur pour aller chez un commerçant ou un service public ou privé
    – nous sommes tous partisans de la loi du moindre effort, ser garer le plus pres possible , sans se préoccuper de la gene occasionné à autrui
    Pour resoudre ces problèmes, dans un pays voisin, un particulier qui a un garage donnant sur la voie publique, doit aller en mairie et obtenir un disque de stationnement interdit et comme il monopolise ainsi une partie de la voie publique, il doit payer pour cette appropriation. Le stationnement abusif est dument et systematiquement verbalisé (y compris pour les 2 roues). enfin quand vous vous vous garez dans un parking public , vous payez en proportion der la surface occupée : un 2 roues paie une demi place , un gros 4×4 paie 2 places. Vous imaginez le tollé chez nous! autre pays autres moeurs!

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  3. eugene

    querelle de chiffres: elle sévit aussi à l’office du tourisme qui publie des chiffres de fréquentation pour justifier son activité et donc les impôts qui le font vivre.En fait ce qui devrait justifier l’activité, l’existence de l’office du tourisme et les taxes qu’il prélève , cela devrait etre les touristes qu’il fait venir à oloron ! et si vous demandez aux professionnels, c’est internet qui fait venir les touristes, pas l’OT.facile à verifier, demandez aux hoteliers et aux loueurs , combien de clients leur à envoyé l’OT!
    Ces temps ci on voie fleurir des panneaux publicitaires 4mx3m sur les pyrénées bearnaises sont celles qui me plaisent ( beau slogan, tout comme le logo). Malheureusement ces panneaux implantés localement ne feront venir personne. sans doute un peu d’auto justification et d’ego la dedans. Oloron devrait etre dans les supports internet pratiqués au niveau international : booking , tripadvisor, ….
    il y a des gens qui ne savent pas qu’il y a 30 millions de smartphone en france et des centaines de millions en europe., qu’il y des centaines de millions de connexions à Internet et qui continuent à se rassurer avec de la production de papier et à depenser ainsi de l’argent public avec une efficacité réduite et à se justifier avec des chiffres….Le changement c’est pour quand? Les économies et l’efficacité de l’argent public, c’est pour quand?

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  4. Oui, de très nombreuses structures publiques n’ont pas encore pris conscience de tout le parti qu’elles pourraient tirer du numérique : rapidité, efficacité, gestion optimisée, meilleure organisation. Et, ce qui n’est pas non plus négligeable, économies de fonctionnement.
    Elles fonctionnent encore un peu à l’ancienne. Mais ne désespérons pas : les personnels issus de la génération internet finiront bien un jour par prendre le pouvoir 🙂

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    1. A propos du Numérique – et de la Ville Intelligente, vaste sujet qui englobe entre autre ce dont nous parlons ici dans ce fil de discussion : la circulation en ville, le tourisme, le bien-vivre en communauté – les structures publiques que vous évoquez (Région, Département, CCPO, Ville d’Oloron) auront tout compris le jour où nous verrons les touristes déambuler dans les rues d’Oloron et le long des gaves avec leur smartphone à la main et non plus une bonne vieille carte papier… Navigation, points particuliers, sites remarquables, boutiques « connectées »…

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      1. @ Marc Duchesne
        Deux réflexions à la lecture de votre commentaire :
        1/ Aujourd’hui nos élus se contentent trop souvent de bonnes paroles. Mais, soit par manque de conviction, soit à la suite de résistances internes, les actes ne suivent pas. Résultat : on continue de gérer « à la papa ». Étant bien entendu que le numérique n’est pas pour autant la solution à tout.
        2/ Les touristes déambulent carte en mains. Mais imaginons qu’Oloron soit une ville connectée, combien d’entre eux sauraient se passer du document papier et se débrouiller avec leur seul smartphone ? Là aussi, question d’éducation… ou de génération

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  5. André Dutter

    Compteront-ils dans la fréquentation des musées tous chasseurs de pokemons ? L’idée était bonne pour tromper les chiffres, mais sûrement pas pour créer de nouveaux amateurs… 🙂

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  6. LOU

    Garée sur le parking de la place Amédée Gabe, sortant de ma voiture, j’entends la sirène de la gendarmerie se rapprocher. Interpelée par ce bruit inhabituel, quoi que, je me retourne et je vois un adolescent en scooter ou mobylette, enfin un truc à moteur qui déboule de la rue justice et prends en sens interdit la rue Palassou, avec toute sirène allumée la gendarmerie à ses trousses. Aurait-il pris la rue à sens interdit, s’il n’avait pas vu ses poursuivants ?
    Qu’avait fait ce jeune pour justifier cette poursuite ?
    Poursuite en sens interdit. Tout c’est passé très vite et je ne sais pas si le petit avait le casque (super, le témoin oculaire), mais, je ne sais pas comment cette poursuite s’est achevée, n’ayant pas entendu une autre sirène, j’ose imaginer pas trop mal.
    Mais que ce serait-il passé si un enfant ou une personne âgée avait traversé à cette heure et ce jour où il y a du monde dans la rue…
    Je n’ose imaginer.

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    1. Le hasard a voulu que je passe sur le parking Barraban deux minutes après ce rodéo. Le jeune avait été intercepté par les gendarmes. Et, arborant une mine contrite, il se faisait copieusement engueuler par les pandores. Est-ce que cela l’empêchera de recommencer ? C’est une autre histoire.Car ils sont quelques-uns à pratiquer ce genre de sport. Et réussissent en général à échapper à leurs poursuivants.

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